Décodage : Taking off (1971)

Au gré des séances, je me livre à chaud à une courte réflexion, format prises de notes, sur ce que m’a évoqué un film, et en particulier son écriture.

Taking off (1971). Réalisé par Milos Forman. Scénario de Milos Forman, John Guare, Jean-Claude Carrière, John Klein.

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Il faut, pour décoder ce film, commencer par le titre. « Taking off », autrement dit « décoller ». Ce qui nous est présenté, c’est la cohabitation de deux mondes en miroir : l’univers des jeunes, qui se rassemblent autour d’un rêve musical, et celui des adultes, très conventionnels dans leur quotidien terne, ritualisé. Rituel, ce mot est important. Chaque génération a les siens, finalement.

Le film s’attache s’attache à la disparition temporaire de la jeune fille, Jeannie, qui fugue pour participer à un genre de concours musical, auquel elle ne sera pas capable, au final, de se laisser aller. C’est littéralement une pièce de l’échiquier déplacée d’un monde à l’autre. En quittant le salon bourgeois des parents, elle les fait paniquer (c’est une anomalie presque mystique) et tout à la fois elle est empêchée de chanter par sa timidité et par son formatage parental. Elle ne sait pas se laisser aller à cet exercice, à cet élan du coeur.

Le monde des adultes est plutôt silencieux dans ses rituels, alors que les jeunes, sur un mode très hippie, chantent toute l’expression de leur révolte, de leurs besoins, de leurs désirs… les adultes, pour faire un pas vers le monde des enfants qui leur reste imperméable, doivent user de protocoles, ce qui montre qu’ils sont empruntés, maladroits, in-connaisseurs, ou tout simplement déconnectés de leur jeunesse. Le père doit utiliser un protocole de soin pour arrêter de fumer, mouvement de purification certes, mais qui est l’inverse du mouvement de la jeunesse. L’adulte cherche la guérison, la paix, mais aussi le vide.
Pour rejoindre le monde des jeunes, ils sont forcés de repasser par des actes absurdes, comme la leçon pour apprendre à fumer de l’herbe. Lorsqu’ils regagnent ce lien au jeu, au désir, ils jouent au strip poker et recommencent à rire. À ce moment ils ont reconnecté au monde de leur jeunesse, de leurs enfants… et Jeannie réapparaît alors. Les pièces de l’échiquier sont de nouveau en place.

Le film suggère que la dimension réelle est celle des enfants, car ils côtoient des personnages réels, comme Jessica harper (entr’aperçue) et Tina Turner. Le réel serait donc la dimension du jeu, du coeur, de l’expression libre.

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